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Civilopedia[]

Histoire[]

Isabelle Ière fut reine de Castille et León pendant 30 ans. Avec son époux, Ferdinand, elle ouvrit la voie à la consolidation de l'Espagne. De par son rôle dans l'unification de l'Espagne, le mécénat des voyages de Christophe Colomb vers l'Amérique et la fin de la Reconquête de la péninsule ibérique, Isabelle figure aujourd'hui parmi les monarques les plus importants et appréciés de l'histoire de l'Espagne.

Jeunes années[]

Isabelle, fille de Jean II de Castille et d'Isabelle du Portugal, est née le 22 avril 1451 à Ávila. Elle avait un demi-frère Henri, de 26 ans son aîné, ainsi qu'un jeune frère du nom d'Alfonso, qui la précéda dans l'ordre de succession. À la mort de leur père, en 1454, Henri monta sur le trône de Castille sous le nom d'Henri IV, et Isabelle et sa famille prirent le chemin d'Arévalo, où ils vécurent dans un château reclus tandis que leur mère perdait peu à peu la raison. Il fallut attendre que la femme d'Henri IV lui donne un enfant pour que celui-ci autorise son demi-frère et sa demi-sœur à revenir à la cour principale de Ségovie.Isabelle y trouva une éducation et un train de vie bien plus dignes de son rang, mais une directive d'Henri lui interdisait de quitter Ségovie sans sa permission. Henri prétendait ainsi protéger Isabelle du tumulte politique causé par son choix d'héritier (sa plus jeune fille, Jeanne), mais il semblait tout autant vouloir l'empêcher de communiquer avec les nobles rebelles.Ces derniers pouvaient toutefois librement parler avec son plus jeune frère, Alfonso, qui fut à l'origine de la Seconde bataille d'Olmedo en 1467, au terme de laquelle les nobles réclamèrent qu'il soit proclamé héritier d'Henri. En guise de compromis, Henri consentit à nommer Alfonso Prince des Asturies, titre donné à l'héritier de Castille et de León, et envisagea de le marier à sa fille Jeanne. Mais Alfonso ne profita guère de son nouveau statut car il mourut peu de temps après. Dans son testament, il avait désigné Isabelle comme son héritière, et cette dernière reçut ainsi son titre.Au lieu de poursuivre la rébellion contre son demi-frère aîné, Isabelle rencontra Henri près des Taureaux de Guisando et négocia un traité de paix permanente. Henri s'engagea alors à nommer Isabelle son héritière officielle. En échange, cette dernière ne fut pas autorisée à se marier sans l'approbation d'Henri, qui ne pouvait toutefois pas l'obliger à se marier contre son gré. Les deux parties satisfaites de l'accord trouvé, Henri se mit en quête d'un mari convenable pour sa jeune demi-sœur.

Henri, piètre entremetteur[]

À cette époque, Isabelle était déjà promise à Ferdinand, fils de Jean II d'Aragon (et ce depuis ses trois ans), mais Henri rompit cet accord pour tenter de l'unir à Charles IV de Navarre, un autre des fils de Jean, qui déclina l'offre.Peu après, en 1464, Henri tenta en vain de marier Isabelle au roi Édouard IV d'Angleterre. Il essaya par la suite à plusieurs reprises de la lier à Alphonse V de Portugal, qu'elle repoussa à l'autel en raison de son âge avancé.Le feuilleton continua avec les fiançailles d'Isabelle à Pedro Giron, frère du Don favori d'Henri. Isabelle pria avec ferveur pour que le mariage soit annulé, Don Pedro étant plus âgé qu'elle de 27 ans. Le décès du Don suite à une crise d'appendicite alors qu'il s'apprêtait à venir la saluer lui fit croire encore plus fermement à l'existence de Dieu.Charles, Duc de Berry et frère de Louis XI, était le prochain prétendant sur la liste d'Henri. Les tentatives maladroites d'Henri pour l'évincer de la lignée des héritiers en lui organisant un mariage politique peu reluisant finirent par lasser Isabelle, qui décida alors de négocier en secret avec Jean II d'Aragon afin de remettre sur les rails un mariage avec son fils, Ferdinand.

Ferdinand et la lutte pour le trône[]

Si toutes les parties étaient favorables à un mariage entre Isabelle et Ferdinand (à l'exception, bien entendu, d'Henri, toujours décidé à obtenir les faveurs de la France et du Portugal), un léger problème se posait cependant : les fiancés étaient cousins, et leur mariage nécessitait selon les lois de l'Église une dispense papale, que le Pape refusa de leur accorder par peur des représailles de la Castille, du Portugal et de la France.Particulièrement croyante, Isabelle refusa de se marier sans cette dispense. Ferdinand fit appel à Rodrigo Borgia, à Rome (le futur Pape Alexandre VI), et revint vers Isabelle avec une dispense papale de Pie II. Même s'il s'agissait probablement d'un faux, ce document suffit à cette dernière, qui accepta rapidement le mariage. Pour échapper à la vigilance d'Henri, elle fit mine d'aller se recueillir sur la tombe de son frère, à Ávila, tandis que Ferdinand pénétrait dans Castille déguisé en marchand. Le périple aux allures shakespeariennes d'Isabelle prit fin le 19 octobre 1469, date de son mariage avec Ferdinand, à Valladolid.Henri ne tarda pas à découvrir le mariage et supplia le Pape de l'annuler. Contrairement à ses prédécesseurs, le nouveau Pape, Sixte IV, ne craignait aucunement les menaces de Castille et préféra plutôt accorder une véritable dispense papale, contrecarrant ainsi les plans d'Henri.Quelques années plus tard, en 1474, la mort d'Henri déclencha une guerre pour sa succession à travers la Castille. Le Portugal soutenait la fille d'Henri, Jeanne, tandis qu'Isabelle profitait du soutien d'Aragon (à travers Ferdinand), puis de la France. Cette guerre dura quatre ans, mais Sixte IV porta une nouvelle fois secours à Isabelle : de façon très ironique, il annula le mariage de Jeanne avec Alphonse V du Portugal pour cause de liens de parenté trop proches. Jeanne dut alors renoncer à ses titres de princesse et reine de Castille, et Isabelle put ainsi accéder au trône le 20 janvier 1479.Pendant ses premières années sur le trône, Isabelle renforça son pouvoir et continua la Reconquête de la péninsule ibérique, mais son règne fut surtout marqué par l'année 1492.

1492[]

C'est en effet en 1492 que se déroulèrent presque tous les faits marquants du règne d'Isabelle : la fin de la Reconquête, le mécénat de Christophe Colomb et le renforcement de l'Inquisition.Pendant sept siècles, une guerre appelée "Reconquista" fut menée par les monarques ibériques qui cherchaient à reprendre le contrôle de la région et à chasser les Musulmans. Au cours des deux derniers de ces siècles, l'Émirat de Grenade fut la dernière attache des dynasties musulmanes sur la péninsule ibérique. Isabelle et Ferdinand poursuivirent le combat et menèrent à partir de 1482 une marche déterminée à travers le royaume. Isabelle avait pour habitude de prier au milieu du champ de bataille afin de rallier ses hommes, et elle alla même jusqu'à ériger un fort en forme de croix aux abords de Grenade, croyant ainsi accomplir la volonté de Dieu. Les forces d'Isabelle finirent par remporter la victoire, et sa signature du Traité de Grenade mit fin à près de 700 ans d'affrontements.Au cours de son règne, Isabelle fut approchée par un jeune explorateur du nom de Christophe Colomb qui cherchait à financer une nouvelle expédition maritime vers l'est et les Indes. Les conseillers de la souveraine jugèrent ses plans irréalisables, la distance estimée vers l'Asie leur semblant beaucoup trop courte. Cependant, au lieu de le rejeter comme l'avait fait le Portugal, Isabelle lui accorda une petite rente annuelle et le gîte dans toutes les villes de son empire. Christophe Colomb continua à tenter de convaincre les monarques... et à essuyer leurs refus.À son retour de Grenade, Isabelle fut à nouveau approchée par l'explorateur dont elle refusa fermement la requête, sur l'avis de son conseiller. Mais alors que Colomb quittait Cordoue le cœur lourd, Ferdinand lui fit rapidement changer d'avis, et elle envoya la garde royale le chercher pendant qu'elle commençait à réfléchir à un financement. Christophe Colomb prit finalement la mer le 3 août 1492 et accosta en Amérique le 12 octobre. Le mécénat de cet intrépide explorateur marqua le début de l'âge d'or de l'Espagne en termes d'exploration et de colonisation.

L'Inquisition, un événement inattendu[]

Le Tribunal du Saint-Office de l'Inquisition (ou plus communément, l'Inquisition espagnole) fut instauré en 1478 par Isabelle afin de maintenir l'orthodoxie catholique de Castille et d'Aragon, et de remplacer l'Inquisition médiévale, alors sous contrôle du Pape. La situation empira cependant en 1492. Un frère dominicain du nom de Tomas de Torquemada fut nommé premier Général de l'Inquisition et poussa les deux monarques à mener une politique d'unité religieuse plus active. Si Isabelle craignait de prendre des mesures trop sévères envers les Juifs de son royaume (pour des raisons purement économiques), Torquemada parvint rapidement à convaincre Ferdinand et à travers lui, son épouse. Le décret de l'Alhambra, signé le 31 mars 1492, annonça l'expulsion des Juifs, et près de 200 000 d'entre eux quittèrent l'Espagne sur-le-champ, tandis que d'autres se convertissaient sous l'œil vigilant de l'Inquisition.Les Musulmans de la région de Grenade, qui avaient d'abord bénéficié d'une liberté de culte, subirent également des pressions et, après leur révolte, une loi similaire à celle passée contre les Juifs fut adoptée à leur encontre.

Les dernières années[]

Isabelle continua à stabiliser son empire en plein essor tout au long de son règne, et veilla à lier ses enfants aux autres nations européennes, espérant ainsi éviter de faire revivre au royaume un conflit de succession comme celui qu'elle avait vécu dans sa jeunesse. Elle parvint après de nombreux efforts à unifier la péninsule ibérique sous une seule et même couronne. Elle maria son fils aîné à une archiduchesse autrichienne, établissant ainsi un lien avec la Maison de Habsbourg, et sa fille aînée à Manuel Ier de Portugal. Mais les plans d'Isabelle tombèrent malheureusement à l'eau avec la mort de ses deux enfants, et c'est finalement sa troisième fille, Jeanne la Folle, qui hérita de la couronne. Jeanne épousa Philippe de Bourgogne et fut la dernière reine de Trastamare. À sa mort, le pouvoir tomba aux mains des Habsbourg.Isabelle mourut en 1504 et fut enterrée dans la chapelle royale de Grenade.

Son héritage historique[]

Sous le règne d'Isabelle, l'Espagne fut enfin unie, la Reconquête de la péninsule ibérique prit fin, et le pouvoir fut centralisé. Cette période vit également naître la plus grande machine militaire du siècle suivant, l'Armada. Isabelle réforma l'Église espagnole et mena des conquêtes au sein des nouvelles colonies américaines. Bien que beaucoup critiquent son rôle dans l'Inquisition et dans la persécution des Juifs et des Musulmans, d'autres réclament sa canonisation auprès de l'Église catholique. Toute persécution religieuse mise à part, Isabelle compte parmi les monarques les plus influents et remarquables que l'Espagne ait connus.

Le saviez-vous ?[]

Isabelle fut la première femme à figurer sur un timbre américain, commémorant le mécénat de Christophe Colomb. Elle fut aussi la première femme à apparaître sur une pièce de monnaie américaine.

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